L’Ardèche est connue pour ses randonnées et ses grottes, mais est ce que tu connais les Balmes de Montbrun ?
C’est un ancien hameau médiéval, niché au cœur d’un volcan éclaté ! (D’ailleurs Monbrun signifie simplement montagne brûlée.) Il est situé sur le massif du Coiron, à St Gineys en Coiron. Les habitations troglodytes ont été installées dans les creux de la falaise basaltique. Sur la cinquantaine de « maisons », plus de la moitié sont encore accessibles.
Viens, je t’emmène visiter ce lieu totalement insolite !
Histoire des Balmes de Monbrun

Les volcans du Coiron datent d’environ 8 millions d’années. C’est un relief inversé dont je t’ai déjà parlé ici. Donc c’est un massif plutôt ancien comparé aux volcans de Jaujac ou au Ray Pic, qui n’ont que 20.000 ans. Mais la dernière éruption date d’il y a seulement 12.000 ans !
En arrivant par le sentier, tu verras un plateau volcanique en face. Tu peux le repérer grâce à la ceinture de falaise basaltique qui l’entoure. C’est le lieu-dit du Cheylard, où existait autrefois un oppidum à l’âge de fer. On peut donc facilement supposer que le site était déjà fréquenté depuis longtemps. Ne te fatigue par à accéder à cet oppidum, il ne reste que quelques pierres du mur de son éperon barré. Mais tu peux visiter l’oppidum de Jastres, à Lussas, à 20km.

Il ne reste plus rien du château de Montbrun, construit entre le XI et XIIIème siècle. Ce n’était qu’un petit donjon carré qui dominait le site, comme ceux que l’on peut observer à Mirabel. A cette époque, une « motte castrale » était suffisante pour représenter le pouvoir du seigneur local. Depuis le belvédère on voit que deux fossés protégeaient le donjon, qui devaient être franchissables par des ponts de bois. Tu peux voir les traces de l’ancienne porte qui y accédait sur chemin
La chapelle Ste Catherine date de 1536. Avant, les habitants des Balmes de Montbrun devaient se rendre jusqu’à St Gineys sous Coiron. Cette chapelle devait avoir une forme de croix, mais la partie Nord n’a jamais été achevée. Tu remarqueras que l’entrée actuelle a été reconstruite plus en retrait que celle d’origine, ce qui a encore réduit la taille de cette petite chapelle. Elle est toujours entretenue !
Le lieu a servi de refuge pendant les Guerres de Religion, puis pour les fuyards de l’armée de Jacques Roure en 1670, puis pour les prêtres lors de la Révolution. En cas d’attaque de zombies, je sais où aller !
Comment accéder aux Balmes de Montbrun

Les Balmes de Montbrun se situent sur St Gineys en Coiron. C’est un adorable village de l’autre côté de la rivière, la Claduègne. Ca vaut le coup d’aller y faire un tour !
Son église du XIIème siècle, est classée monument historique. Celle ci est dédiée à Ste Reyne. La tradition prétend qu’on venait prier pour les enfants “renaïrs” (c’est à dire en occitan grognons, ou qui auraient des vers). Je note précieusement cette légende pour une sortie le jour où mes filles seraient un peu trop bougonnes…

Tu peux venir par le sentier de randonnée depuis St Gineys en Coiron (3,5km), ou par celui de St Jean le Centenier (4km). Attention, aucun des deux n’est une boucle ! Ce sont des allers-retours mais le paysage est tellement beau que tu ne seras pas déçu.
Si tu préfères passer plus de temps sur le site des Balmes de Montbrun, tu peux aussi venir par la route, en vélo ou en voiture. Il y a un tout petit parking au Bas Montbrun, mais il peut vite être plein. Donc préfère venir à pieds ou en vélo !
Une randonnée insolite

Avec Christophe, on a choisi de venir à pieds depuis St Jean le Centenier ! C’était une très belle balade facile à faire avec notre vieux chien. On commence tout en douceur à travers les prairies, direction Jastrie. Puis on bifurque sur la gauche de la falaise volcanique pour continuer de suivre le sentier balisé de jaune et de blanc.

Le sentier monte régulièrement tout en douceur (en total, 300m de dénivelé), même pour la partie où le chemin serpente dans les orgues basaltiques. La sol est fait de gravillons de basalte. C’est très facilement praticable mais prévois quand même de bonnes chaussures !
Sur la gauche tu pourras admirer la vallée de la Claduègne. (C’est aussi pour ça que j’aime les randonnées en hiver : moins de feuilles c’est plus de panorama ! ) Et d’un coup, surprise ! En contrebas tu pourras commencer à apercevoir des trous dans la falaise du volcan. Ce sont les fameuses habitations troglodytes des Balmes de Montbrun !
Les particularités insolites

En arrivant dans ce hameau médiéval, tu vas suivre un sentier pavé ancien qui te mènera au belvédère, à la chapelle, puis au site proprement dit. Prends le temps de lire les panneaux explicatifs ! Les Balmes de Montbrun et les volcans du Coiron n’auront plus aucun secret pour toi.
Les grottes aménagées n’étaient pas que des habitations. Il y avait également des étables pour les animaux et leur fourrage, un grand four commun, des espaces de stockage et bien sûr les lieux de travail des habitants. Il existait même une prison, dont la salle souterraine servait de cachot où les prisonniers étaient attachés aux murs à des anneaux de fer. Elle fut ensuite transformée en grenier à foin.
Des cultures étaient réalisées directement sur le site. Les terrasses étaient aménagées de vergers (figues, poires, cerises, noix…), de jardins, et de petits prés. Le site était bien choisi, puisqu’il disposait d’une source d’eau. Le sol n’est pas très profond, mais il est très fertile grâce à la terre volcanique.
Autrefois, quand on disait un domaine au Coiron, on en avait plein la bouche. A travers ces quatre mots on voyait les prairies luisantes, on entendait la sonnaille des troupeaux, on aspirait l’odeur des fromages et le beurre fondait dans la bouche.
Albin Mazon
Les habitations troglodytes

De nombreuses cavités sont à grande hauteur du sol ou à plusieurs étages. A l’époque il devait exister des cordes ou des échelles pour y accéder. Ne tente pas l’escalade : tu risques de te faire mal et d’abimer les parois poreuses !
En 1882 le site était encore habité par deux familles. L’une était composée d’un couple très agé et de leur fille aveugle et cinquantenaire. L’autre d’un couple élevant des chèvres. Mais cela faisait déjà plus d’un siècle que les Balmes de Montbrun étaient presque abandonnées.
Tu trouveras d’autres histoires sur les logements troglodytes de la Jaubernie, du lac d’Issarlès, du bois de Païolive ou de la Grange du Baumier, qui étaient aussi habitées à la même époque pas si lointaine. Plus simplement, sache qu’en occitan une baume/balme n’est pas une simple grotte, mais bien une cavité aménagée et habitable.
Mes recommandations pour visiter les Balmes de Montbrun

Les sentiers de randonnée pour y accéder sont en pente douce, donc de bonnes chaussures suffisent. Par contre, le chemin dans le hameau troglodyte est en terre, avec parfois des sortes d’escaliers de bois. C’est donc extrêmement glissant par temps de pluie !
Et même lors du retour du soleil, la boue peut rester présente un certain temps. Il n’y a pas de barrières pour te protéger du vide. Alors sois vraiment très prudent, et visite les Balmes de Montbrun plutôt par temps sec.
Comme je te disais plus haut, ne tente pas d’accéder aux grottes en hauteur. La paroi est poreuse, donc risque de se décrocher. Tu risques donc d’altérer le lieu et te blesser.

Je vais donc enfoncer des portes ouvertes à grands coups de béliers (ou de boucs ardéchois ?). Sois particulièrement respectueux de la Nature lors de tes balades. Ne laisse aucun déchet derrière toi. (Franchement, ça prend si peu de place dans le sac à dos ! ) Veille aussi à la pollution sonore en n’hurlant ton bonheur de découvrir le paysage que dans ta tête.
Le parking étant tout petit, préfère venir à pieds depuis l’un des sentiers, ou à vélo. Si par malchance tu tentes en voiture et que le parking est plein, ne te gare pas en double file sur la petite route ! Va plutôt trouver un espace sécurisé et autorisé plus loin.
Le plateau du Coiron

Le plateau du Coiron comporte une flore exceptionnelle. Dans ses prairies sèches ou ses mares temporaires, tu pourras croiser la renoncule à fleurs latérales, la salicaire à feuille de thym et la crassule de Vaillant, espèces très rares menacées d’extinction.
Parmi les animaux, que tu ne risques pas de croiser tellement ils sont timides, il s’y cache une faune riche, dont des espèces menacées. Loutres, castors, genettes, murins, mais aussi aigles royaux et vautours ont trouvé refuge sur ce plateau volcanique.